Les indésirables du verger

Les arbres fruitiers sont les hôtes de nombreux parasites et maladies pouvant avoir une incidence plus ou moins forte.

Les indésirables du verger peuvent agir sur la production fruitière des arbres, leur état sanitaire voire même leur pérennité.

Vous trouverez ci-dessous les descriptions des principaux parasites et maladies, ainsi que les moyens préventifs pour diminuer leurs impacts.

L’anthonome

Il s’agit d’un coléoptère (genre Anthonomus), de couleur gris brun, d’environ 4 mm. La femelle pond dans les boutons floraux. Sa présence se traduit par des boutons floraux avortés communément appelés « clous de girofle ».

En ouvrant ce « clou de girofle », on découvre une larve jaunâtre à tête noire de 6 à 8 mm.

L’anthonome se retrouve essentiellement sur le pommier, le poirier, le cerisier, le prunier.

En années de forte production fruitière, l’anthonome a un rôle d’éclaircissage naturel. Par contre, lors d’années de faible production, sa présence peut engendrer la perte quasi-totale de la récolte.

Lutte préventive :

  • Favoriser la présence des oiseaux dans le verger/jardin et notamment les mésanges qui se nourrissent des insectes adultes
  • Blanchir les troncs à la chaux ou au blanc arboricole car l’anthonome passe l’hiver dans les anfractuosités du tronc et des branches basses
  • Enlever le paillage au pied des arbres aux premières gelées car l’anthonome peut s’y être réfugié à l’automne. Exposé à l’air libre, le froid va alors le tuer
  • Travailler la couche superficielle de terre au pied des arbres où peut être enfoui l’anthonome

Ces mesures visent à diminuer les populations d’anthonomes pour l’année suivante.

Le carpocapse

Il s’agit d’un papillon de nuit Laspeyresia pomonella ou Cydia pomonella.

Il mesure entre 15 et 20 mm, de couleur gris-marron.

Sa larve se développe dans le fruit où il se nourrit des pépins.

Communément appelé « ver de la pomme », sa présence est trahie par un trou sur l’épiderme dont la bordure est rongée.

Lutte préventive :

  • Supprimer les fruits véreux
  • Ensacher les fruits au début de la nouaison* (nouaison : moment où la fleur fécondée se transforme en fruit)
  • Favoriser les prédateurs du carpocapse (mésanges, chauves-souris)
  • Blanchir les troncs à la chaux ou au blanc arboricole
  • Entourer les troncs avec des bandes de cartons ondulés en été/automne. Les larves descendant du tronc pour passer l’hiver à l’abri d’une écorce ou dans le sol seront trompées et s’y installeront.  Attention : de nombreux auxiliaires peuvent s’y trouver aussi. Il faut donc défaire le carton ondulé pour ne tuer que les larves de carpocapse.
  • Enlever le paillage aux premières gelées et travailler la couche superficielle (4-5 cm) pour exposer les larves au froid et les tuer
La tavelure

Il s’agit d’un champignon Venturia inaequalis dont il existe plusieurs souches différentes. Sa présence se manifeste par l’apparition de taches brunes à noires sur les feuilles et les fruits. Elle peut entrainer la malformation voire le pourrissement des fruits.

La tavelure se développe lorsque les conditions de chaleur et d’humidité sont réunies. On l’observe donc généralement au printemps et à l’automne.

Lutte préventive :

  • A l’automne, après la récolte, bien nettoyer le dessous de l’arbre en enlevant les feuilles et les fruits qui restent à terre ou pourris dans l’arbre puis les brûler

Attention: Ne pas les mettre au compost, des souches de tavelure peuvent y perdurer et contaminer les arbres l’année suivante lors de l’apport de compost.

  • Blanchir les troncs à la chaux ou au blanc arboricole
  • Aérer la ramure par la taille hivernale. L’air circulant mieux entre les branches, l’humidité stagne moins longtemps sur les feuilles et les fruits

Lutte curative :

  • Pulvériser une bouillie bordelaise AVANT la formation des fruits
  • Pulvériser une solution à base de souffre quand les fruits sont dans l’arbre

Attention: Le cuivre est toxique et ne doit JAMAIS être pulvérisé sur les fruits. Les pulvérisations sont à renouveler après chaque épisode pluvieux car ces produits sont lessivables. Ce traitement curatif peut donc engendrer des coûts importants.

Communément, pour des arbres de particuliers, on tolère une contamination à la tavelure avoisinant les 30% du feuillage avant traitement. De plus, les variétés locales sont généralement plus résistantes à la tavelure que les variétés commerciales.

La monilliose

La maladie est causée par deux espèces de champignons (Monilia fructigena s’attaque principalement aux fruits à pépins, Monilia laxa aux fruits à noyaux) qui entraine une pourriture du fruit.

Des cercles concentriques blancs apparaissent et l’épiderme devient marron. A terme, tout le fruit est touché et pourrit. La moniliose se transmet facilement par contact d’où l’intérêt de ne pas planter les arbres trop proches les uns des autres.

La moniliose se développe essentiellement au printemps avec la combinaison de l’humidité et des températures qui s’adoucissent.

Lutte préventive :

  • Les fruits atteints restent accrochés aux branches. Il faut donc les faire tomber après la récolte et les brûler hors du verger. Il ne faut surtout pas les laisser à terre car ils seraient une source de maladie pour l’année suivante
  • Enlever (si possible) les fruits atteints dès les premiers signes de moniliose
  • Éclaircir la ramure de l’arbre par la taille hivernale
  • Blanchir les troncs à la chaux ou au blanc arboricole et gratter les mousses et lichens
Le chancre

Il s’agit d’une nécrose de l’arbre d’origine fongique ou bactérienne. Se développant à partir des blessures de l’écorce de l’arbre, le chancre peut entraîner la mort de l’arbre directement ou indirectement.

Il est donc impératif d’éviter au maximum les plaies sur le tronc et les branches, qui seraient autant de portes d’entrée pour le chancre.

Lutte préventive :

  • Faire des tailles bien nettes avec du matériel désinfecté (à l’alcool à brûler par exemple)
  • Couper les branches cassées par le vent ou la charge (branche trop chargée en fruits)
  • Aérer la ramure pour éviter les frottements entre les branches qui causent des plaies

Lutte curative :

  • Couper les branches atteintes et les brûler pour détruire les foyers de contamination
  • Si le chancre est sur le tronc ou une branche charpentière : cureter le bois jusqu’au bois sain puis appliquer un cicatrisant ou de la bouillie bordelaise
L’oïdium

Il s’agit d’une maladie cryptogamique causée par des champignons. Aussi connu sous le nom de « Blanc », l’oïdium se caractérise par une moisissure et/ou un duvet blanc qui se développe sur les feuilles essentiellement. L’oïdium se transmet facilement par contact mais également, à moindre mesure, par le vent et l’eau.

Lutte préventive :

  • Espacer les plantations pour éviter la transmission par contact
  • Aérer la ramure par la taille hivernale pour favoriser l’évacuation de l’humidité
  • Brûler les feuilles et les fruits pourris en fin de saison
  • Éviter les apports trop riches en azote
  • Blanchir les troncs à la chaux ou au blanc arboricole
Le puceron lanigère

Il s’agit d’un insecte piqueur (Eriosoma lanigerum) qui se nourrit de la sève des arbres. L’insecte est de couleur brun/violet et recouvert d’une cire à l’aspect laineux plus ou moins dense. Un couleur rouge caractéristique apparaît lorsqu’on l’écrase. Le puceron lanigère forme des colonies sur les parties tendres de l’arbre, le plus souvent sur les rameaux. Ses piqures peuvent être à l’origine de l’affaiblissement de l’arbre et parfois de chancre sur les variétés les plus sensibles.

Lutte préventive :

  • Favoriser les insectes auxiliaires (Coccinelle, Chrysope, la guêpe Aphelinus Mali…)
  • Pulvériser une huile minérale (huile blanche) l’hiver pour détruire les formes hivernantes
  • Tailler et brûler les branches infestées au début de la colonisation

 Lutte curative :

  • Badigeonner les colonies d’alcool à brûler (si elles sont faciles à atteindre)
  • Pulvériser un purin de fougère dilué à 10% (si plusieurs arbres ou colonies hors de portée)
Le feu bactérien

Il s’agit d’une maladie causée par des bactéries. La contamination se traduit par un dessèchement (appelé brûlure) des bourgeons floraux et des rameaux qui se courbent en forme de crosse.

ATTENTION: cette maladie est très contagieuse. Certaines variétés sont interdites à la multiplication due à leur forte sensibilité au feu bactérien.

Lutte curative :

  • Couper les parties atteintes et les brûler

NB: Aux USA et dans certains pays, la Streptomicine, un antibiotique, est utilisé contre le feu bactérien et des traces résiduelles sont trouvées sur les fruits. En France, ce produit est interdit pour cet usage par les Autorités de Santé. Veillez donc à la provenance de vos fruits lors de vos achats.